Fusent
forts dégoulinants
les traits
des coups de pinceaux ;
les déverse un jeune homme
qu'a découvert le soleil
(J’ai vu son soleil sourire)
toute orange sa mine !
Je l’ai aussi vu malade d’outremer Je l’ai vu se
mettre au vert
aussi, je l’ai vu pleurer
son soleil
Mais ce jeune à la barbe optimiste
n’aime pas les tristesses
le geste mousquetaire
trempe tout de suite les barbes du pinceau,
qui voyage dans les airs comme une fleur tropicale
éparpillant des gouttelettes en route vers le soleil
l’orangeant tout de jaune citron
Sous le soleil :
des gens qui luttent
des gens qui persistent dans leurs êtres
des gens petits des grandeurs d’un pied
mais des bonhommes comme des éléphants aussi
(avec de expressions
d’enfants
désirant des mamans)
Et tourne
    tourne
    tourne comme singeant l’univers
    les figures tournent
    où semblent tourner
et l’espace est ici, et il est là-bas
la peinture est une cadence
une cadence que l’homme barbu
         a peint
une cadence où les êtres vivent
          peints
          peints
Moi
moi je les ai vu danser :
c’est ce qui est arrivé, je témoigne, c’est ce
qui arrive tous les jours au peintre,
au pinceau dégoulinant qu’a découvert le soleil
un soleil certifié
de l’année quatre-vingt-douze à Paris en Février
Poème écrit par le peintre argentin Juan Carlos Aznar
sur l’oeuvre d’Onay AKBAS - 1992